OU ES TU MON AMOUR ?

Le vent fait claquer la persienne de la vieille grange de l'autre côté de la cour. Je me réveille en sursaut et mets quelques secondes à reprendre mes esprits. Il fait froid tout à coup et sombre aussi. Un bruit humide court au dessus de ma tête, la pluie tombe en trombes sur le toit de la véranda. Je frissonne, frotte mes yeux et me lève avant d'enfiler la vieille veste usée dont je n'arrive pas à me séparer mais dans laquelle je me sens bien et, je ne sais pourquoi, en sécurité. Peut-être que les souvenirs dont elle est chargée y sont pour quelque chose.

Je me souviens m'être octroyé quelques minutes de répit après une journée de travail harassante, quelques minutes pour souffler un peu avant de passer au rangement de ma maison que j'ai quelque peu négligée ces derniers temps.

Mais la fatigue a été plus forte que mes bonnes résolutions et m'a plongée sans sommation dans les bras de Morphée, aussitôt la tête posée sur le dossier du large fauteuil près de la cheminée. Je regarde l'heure sur la vieille horloge accrochée au mur. Il est tard, il fait froid et je me sens toujours aussi fatiguée. Je décide de repousser mes projets à demain et d'aller me faire couler un bain.

Le soleil s'est couché depuis longtemps derrière les collines qui, jour après jour, se parent des plus belles couleurs de l'automne . Les rayons obliques de fin d'après-midi ont vite cédé leur place aux nimbes noires chargées de pluie, poussées par le vent.

Je branche le chauffage et une chaleur bienfaitrice se répand rapidement dans la pièce pendant qu'une eau brûlante se déverse généreusement par le robinet grand ouvert. Je passe rapidement dans la cuisine et me sers un verre de mon vin préféré, avant de retourner dans la salle de bain où je finis par me dévêtir complètement. De l'eau, se dégage l'odeur suave des sels parfumés et relaxants.

Je m'installe confortablement dans la baignoire pleine de mousse. Mon Sauvignon à la main, les écouteurs sur les oreilles, la tête en arrière et les yeux fermés, je me laisse envahir peu à peu par une musique relaxante dont la magie n'a de cesse de me transcender et de m'emmener au delà du rêve.

La « divine Oasis » me plonge rapidement dans un monde de quiétude et de sérénité, de paix et de songes, elle est un exutoire au vide immense qu'est celui de ma vie sans toi.

Je rêve de ta douce présence, de ton sourire et de ta beauté qui sont le secret du bonheur et du bien-être, la clé d' une harmonie spirituelle, de l'équilibre parfait de nos âmes et synonyme d'amour absolu.

Je m'allonge un peu plus dans ma baignoire d'où émane une vapeur bienfaisante dont je me laisse volontiers envelopper comme l'on ferait par les volutes d'opium. Oui, mon amour, tu es ma drogue et de toi j'userai jusqu'aux portes de la mort, pour t'aimer au delà de l'espace et au delà du temps.

Puis je vois ton sourire, mon paradis, ma plage de sable chaud, mon talisman. Les yeux toujours fermés, je ris avec toi dans mes pensées et l'instant présent devient magique. Ton sourire prend vie dans mon esprit, je l'entends et je me sens à nouveau vivre, envahie par le bonheur infini de ta présence.

Je vois ton visage s'approcher du mien, dans une lenteur insoutenable, où les centimètres sont des années lumières. Je me languis du goût subtil de tes lèvres, de ce goût sucré que j'aime savourer à chacun de tes baisers. Je sens ton souffle chaud sur ma bouche et sur ma peau, ce petit souffle de vie et de volupté dans lequel à chaque fois je renais et où mon amour pour toi se décuple.
Après ton visage, c'est ton corps qui, dans mon esprit naît et se meut. Il s'approche du mien avant de l'envelopper dans une douceur infinie, comme la nuit couvre le jour de son manteau étoilé. Tu es la seule étoile de mes nuits, le seul soleil de mes jours, l'élixir de ma vie, l'essence de l'amour. De ton corps je fais mon refuge, de tes bras, mon oasis. Tu es le centre de ma vie, mon phare d'Alexandrie. Sans toi je suis perdue, une âme en quête de la lumière que ta présence seule, peut me procurer.

Combien d'heures, combien de jours, combien d'années devrai-je encore t'attendre ? Effacer enfin ce lourd passé chargé de tristesse, de solitude et de souffrance ? Quand pourrai-je enfin t'enlacer, auprès de toi me réfugier ? Faire de toi mon amie, ma confidente, ma femme ? Celle avec qui je pourrai enfin tout partager ? A qui donner, et de qui recevoir ? Aimer, tout simplement.