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 RETOUR DE FLAMMES

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mielpops09
Reine des abeilles
Reine des abeilles
mielpops09


Messages : 202
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MessageSujet: RETOUR DE FLAMMES   RETOUR DE FLAMMES Icon_minitimeJeu 27 Mar - 17:00

Elle traverse la rue à grandes enjambées sans se soucier de la présence des voitures qui démarrent au feu , ni des piétons qu'elle croise et qu'elle manque de percuter à chacun de ses pas . Elle enjambe le trottoir et vire sur sa droite. Tel un robot, elle évolue à vive allure, tête enfoncée dans les épaules, fixant droit devant. Son regard aussi clair et glacial que l acier, aussi aiguisé que mille lames effilées, ses yeux fixent droit devant sans ciller. Sur son visage, une expression qui exprime à la fois la colère, la haine mais surtout, la souffrance. La mâchoire carrée et ses cheveux platine coupés n'altèrent en rien sa beauté. Sous son long manteau au col large et aux pans ouverts sur le côté, on devine sa silhouette élancée, aux jambes immenses et au galbe parfait que couvre à peine une jupe de cuir noir très courte parsemée de minuscules strass blancs comme le diamant. Son bustier d'un blanc immaculé a peine à retenir une poitrine généreuse et volontaire.

A ses pieds, de lourdes bottes cloutées de marque G Star Raw à la boucle latérale rutilante. Grâce à une pratique régulière de son sport favori, le squash, Nina ne fait pas ses 45 ans et a la privilège de pouvoir se plier à toutes les fantaisies de la mode. Mais, grande nostalgique des années 80, elle aime se vêtir de façon extravagante et copie inlassablement, tout en restant soft, son modèle de toujours, son homologue germanique, une chanteuse célèbre à la voix exceptionnelle, connue par ses frasques et son goût immodéré de la provocation.

Ses collègues de travail – elle enseigne sa langue maternelle dans un lycée- se sont habitués à cette superbe grande femme d'un mètre quatre vingt cinq aux allures détonantes, mais au demeurant, fort sympathique. Ses élèves l'adorent et son enseignement a dépassé le cadre de l'établissement non seulement par son originalité, mais encore par le succès qui en découle. Ses collègues et amis masculins, mariés ou non, lui tournent autour comme les abeilles autour du miel et les jeunes mâles boutonneux qui garnissent ses classes se pâment dès qu'elle apparaît. Un tel succès auprès de la gente masculine devrait la griser mais ce sont les représentantes du même sexe qui l'attirent plus volontiers. Son homosexualité notoire aurait dû faire fuir ses nombreux prétendants, mais ils se sont toujours accrochés à elle comme la sangsue au corps, espérant vainement que la jeune femme succombera fatalement au charme d'un phallus valeureux et besogneux. Quand les hommes comprendront-ils enfin que leur appendice n'est pas le maillon essentiel au plaisir d'une femme qui, plus est, aime les femmes ? Telle est la question qu'elle se pose de longue date et la raison qu'elle invoque chaque fois qu'un homme désire la travailler au corps. Veillant à décourager l'intrus, elle pèse ses mots et use de termes bien sentis mais désespère de les voir insister davantage encore. Ce que les mâles peuvent être stupides ! De là à penser que la nature n'a pas bien oeuvré et leur a greffé un cerveau à l'entrejambe au lieu de là où il est habituel de le trouver, il n'y a pas loin.

A cet instant précis, l'ambiance du lycée, les fous rires avec les collègues et amis, la complicité avec ses élèves et la finale de samedi en coupe senior sont à des années lumières de ses pensées premières et ses préoccupations sont tout autres. Elle accélère le rythme, pressée d'arriver au plus vite à destination et faire face à un tête à tête qui s'annonce pénible mais essentiel. Encore quelques dizaines de mètres et elle composera le code d'accès qui ouvrira la lourde porte d'entrée de l'hôtel aménagé en appartements avant de monter quatre à quatre les marches qui la mèneront jusqu'au quatrième étage.

Aveuglée par le chagrin et la colère, elle continue son chemin sans prendre garde au véhicule qui roule vers elle à vive allure alors qu'elle s'engage sur le passage protégé pour se rendre dans le bâtiment juste de l'autre côté de l'avenue principale. Le klaxonne retentissant la sort violemment de ses pensées et c'est juste à temps qu'elle évite de se faire renverser par le chauffeur fou qui actionne longtemps encore son avertisseur sonore, avant de se remettre à marcher d'un pas rapide et d'arriver à destination.
Il est 20h et la nuit vient de jeter son manteau sur les dernières lueurs de ce jour d'automne. Elle parvient à l'hôtel particulier, puis, lève la tête instinctivement et aperçoit un carré de lumière au quatrième étage. Sonia a la régularité d'un métronome, elle est rentrée, certainement après avoir passé sa journée à faire les boutiques ou, tout simplement, n'a-t-elle pas quitté le foyer et a-t-elle tué le temps à ranger ou, à traquer, soit disant, les offres d'emplois sur des sites spécialisés.
Elle appuie sur l'interphone et une voix rocailleuse lui répond dans un léger crépitement.
« C'est moi ! Dit la femme Allemande qui a du mal à contenir sa colère.
- Oh, c'est toi ma chérie ! Tu as couru le marathon ou quoi ?
- On peut dire ça oui ! Répond elle avec un accent teuton à peine audible.
- Tu as encore oublié le mot de passe..
- Oui, et alors, tu devrais en avoir l'habitude, non ?
- Tu sembles essoufflée !
- J'ai failli me faire écrabouiller figure toi.. Allez, ouvre, dépêche toi !
- En plus, t'es de mauvais poil !
- Et j'ai de quoi.. ouvre, merde !
- C'est bon, c'est bon, j'ouvre ! »

Le crépitement d'un interphone que l'on raccroche puis le déclic discret d'une porte qui s'ouvre et Nina s'engouffre avant qu'elle ne se soit entièrement ouverte. Elle se dirige directement vers l'ascenseur et presse fébrilement sur le bouton d'appel. L'espace de dix secondes, la quadragénaire délurée fait les cents pas devant les portes métalliques qui tardent à s'ouvrir. Exaspérée, elle se résigne à emprunter les escaliers qu'elle grimpe quatre à quatre, sans marquer un seul arrêt, jusqu'au quatrième étage. Sa condition physique aidant, elle avale les paliers à la vitesse d'une championne olympique, croisant sans les voir, ses voisins qui la saluent et s'étonnent de n'avoir en retour au lieu du sourire habituel de la jeune allemande, l'image d'un visage torturé.

Elle parvient rapidement devant l'entrée de l'appartement dans lequel elle a installée Sonia, sa compagne depuis moins de deux ans. Elle déclenche la sonnerie stridente qui annonce son arrivée et la porte s'ouvre aussitôt, actionnée depuis l'intérieur pas Sonia qu'elle voit s'approcher d'elle, tout sourire aux lèvres.
« Coucou mon amour, tu as passé une bonne journée ?
- Non, et toi ?Tu as fait quoi de ta journée ?
- Comme d'hab, j'ai épluché les petites annonces.
- Et...
- Rien trouvé, encore une fois.
- Tu te fous de ma gueule ?
- Qu'est-ce-qui te prend ?
- Je sais tout Sonia ! Tu t'es bien foutu de moi !
- Je vois pas le rapport!
- C'est ça oui ! Ah, tu m'as bien eue avec ta gueule d'ange ! Y'avait écrit pigeon sur mon front ? Alors, pousse la frange, et relis, parce que là, y'a écrit, en vacances !
- Mais j.. !
- T'es une belle garce.
- Mais enfin, vas tu m'expliquer ce qui se passe ?
- Elles te font toutes mouiller ? Qu'est-ce-qu'elles ont de plus que moi ?
- Mais rien voyons, mais tu délires ma parole !
- Au contraire, je n'ai jamais été aussi lucide ! Tu m'as bien endormie avec tes « je t'aime » et ton regard enjôleur de chien battu. Mais dès que j'ai le dos tourné, tu tires sur tout ce qui bouge !
- Mais enfin, vas tu m'expliquer ?
- Ok, tu veux que je continue ? Alors, écoute bien, parce je ne vais pas le répéter. Et dès que j'aurai terminé, tu prends tes cliques et tes claques et tu dégages d'ici !
- Quoi ?
- Finie la belle vie ! Tu vas bouger ton cul parce-que Nina elle te fout à la porte et que tu vas devoir te démerder seule. Avec les bagages que tu as, tu devrais trouver facilement. A moins que ce soit du vent, ça aussi et que tu aies tout inventé pour mieux m'appâter ! Je ne suis peut-être qu'un petit prof d'Allemand, mais j'ai quand même un cerveau et il fonctionne mieux que tu le crois. J'ai eu des doutes mais n'ai rien voulu voir. Avec ce que j'ai vu cet après midi et ce qu'on m'a rapporté, ça se confirme. Mon dieu, que j'ai été conne ! On dit que l'amour rend aveugle, c'est bien vrai ! Combien tu en as roulé des comme moi ?
- Mais tu divagues complètement ma parole !
- C'est ça, et tes mini déplacements, c'était pour des entretiens peut être ? Un, deux, trois léchouilles et quelques euros plus tard, tu rentrais à la maison comme si de rien était en me racontant des bobards !
- Tu es odieuse !
- N'inverse pas les rôles s'il te plaît ! Quand on y réfléchit, à part ton charmant petit cul, j'ai eu quoi moi ? Un chapelet de mensonges et rien d'autre ! Pas un merci, aucune reconnaissance, aucune considération ! Y'en a que pour ta pomme ! Tu prends tout comme un dû ! Tu sais quoi ? Tu te comportes comme une pute, ni plus, ni moins !
- Mais enfin, Nina ! C'est quoi cette histoire ? Je comprends plus rien moi !
- Normal, tu as rien dans la tronche en fin de compte. A part faire du gringue, te faire mousser et embobiner les gens, tu ne sais rien faire. Tu n'es qu'une redoutable manipulatrice qui ne sert que ses desseins sans se soucier des dommages collatéraux. Seulement, tu n'es pas assez douée pour le faire sans éveiller des doutes. Tu sais, tout finit par se savoir, absolument tout ! Ca fait un petit moment que j'étudie ton comportement mine de rien. Et il y a beaucoup de choses qui se recoupent. Je n'ai rien dit et je t'ai laissée continuer de mentir. Il n'y a rien de plus jouissif. Et je sais, par exemple, que cet après-midi, tu t'es rendue chez Clara. Tu veux que je te donne l'adresse ? Hier, c'était Sophie, et avant hier encore, c'était Wendy. Je continue ?
- Faux, cet après-midi, j'étais ici !
- Tu as le dos au mur et tu oses encore me mentir ! Sache que j'ai donné un prétexte bidon pour pouvoir me libérer pendant mes deux heures de libres et que je t'ai suivie...
- Quoi ?
- Je t'ai suivie ! Pôle emploi a changé d'adresse visiblement ! Je ne te raconte pas dans l'état où j'ai terminé mon cours avant d'arriver ici !
- Bein quoi, j'ai pas droit d'aller voir une copine ? Y'a pas de quoi faire un fromage !
- Une copine que t'as piochée sur un site de rencontre. Tu veux que je te donne le nom de ce site ?
- Bein j'y vais juste pour discuter..
- Sous quel pseudo ?
- Lolo.
- Ah oui ? Viens donc voir un peu par ici ! Je vais te montrer quelque chose. »

A ces mots, la blonde Allemande se saisit sans délicatesse aucune, du poignet de sa future ex maîtresse et la fait s'asseoir à ses côtés face à l'ordinateur qui trône au milieu du salon avant de le mettre en marche. La fenêtre d'internet s'ouvre et elle compose sur le clavier le nom du site.

« Continue, lui intime t elle l'ordre en faisant signe de la tête.
- Ok, ok, tu vas voir que je n'ai pas menti
- Je ne demande que ça, mais tu vois, je pense ne jamais être convaincue. Mais je t'en prie, continue... »

Sonia prend la relève face à la machine qui, seule, illumine la pièce dans la lueur du jour qui décline.
« « Entrez votre pseudo : Lolo » »
« « Femme » »
« « Age : 35 » »
« « Code Postal : 75000 » »

« Je crois que tu te trompes !
- Non pas du tout !
- En es tu sûre ?
- Mais oui ! Merde à la fin !
- Vois-tu mon ange.. j'ai reçu un message sur facebook il y a une quinzaine. Quelqu'un qui te touche de très près, puisqu'il s'agit de ton frère.
- Quoi ?
- Tu m'as dit pourtant que tu étais fille unique... je continue. Ton cher frère donc, m'a dit qui tu étais et m'a demandé de me méfier de toi. Une fois une bonne partie du message lue, je me suis demandée quel frère pouvait agir ainsi, dénoncer sa propre sœur. Je n'ai pas tardé à avoir la réponse. Tiens, lis, ça vaudra toutes les explications. »

« « Bonjour ou Bonsoir ; Je m'appelle Raphaël et je suis le frère de Sonia. Ce que je m'apprête à faire est extrêmement pesant. Il est peu probable que Sonia vous ait parlé de moi, il en est ainsi à chaque fois.... »

La jeune femme brune blêmit, ses lèvres se mettent à trembler.

« … Depuis quelques temps, je suis les publications de ma sœur sur ce même réseau social que j'utilise pour écrire ces phrases. Je pensais qu'après le suicide d'une de ses anciennes victimes, elle aurait pris plus de recul et surtout plus de maturité, mais je vois qu'il n'en est, malheureusement rien, et que rien, en tout point, n'a changé.

Nos parents ont difficilement accepté son orientation sexuelle et ont fini par la mettre à la porte quand ils en ont eu assez de l'entretenir. Dès lors, elle vit aux crochets de femmes qui tombent dans ses filets et les ponctionne jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien d'intéressant à tirer avant de passer à une nouvelle victime, qu'elle aura repérée sur des sites de rencontre.
Usant de son physique avantageux, Sonia tombe systématiquement amoureuse de toute personne susceptible de lui apporter un certain confort et ce, sans le moindre effort.

J'ai hébergé ma sœur pendant quelques temps avant de la mettre moi aussi à la porte. J'étais las de ses agissements , de ses mensonges et de sa perversité narcissique. Je n'arrivais plus à éponger ses dettes, à supporter ses caprices. Sonia n'a aucun scrupule, ne connaît pas la remise en question.

Cela fait presque quinze ans que ça dure et cela ne changera jamais. Je tenais à vous prévenir afin que vous agissiez dans le sens qui vous paraîtra le plus judicieux. Vous pouvez lui montrer ce message. Peut-être comprendra-t-elle qu'il lui faut cesser de jouer avec les sentiments et d'en tirer profit, que ses agissements auront fini, un jour ou l'autre par se retourner contre elle. » »

« Tu veux que je continue ?
- Le salaud, il ment !
- Tu cherches encore à faire porter le chapeau à quelqu'un d'autre ? Non mais je rêve ! Allez, je finis ma petite démonstration. Je ne crois pas que ton frère soit un menteur. Juges en plutôt. Allez hop, petit retour sur coco. Mais avant, petit détour par ici. Je t'explique. Hop, clic droit, je récupère ce petit fichier caché que tu vois apparaître sur l'écran. Cet icône symbolise un logiciel dont la particularité est d'enregistrer tous les mouvements clavier sur cet ordinateur. Je te rassure, je l'ai installé aussi sur celui qu'il y a dans la chambre. Donc, laisse moi l'ouvrir et repérer ce qui, en ce moment précis, nous intéresse..
Ah ! Nous y voilà... donc, tu lis comme moi pour coco : pseudo : Lolo, âge 35, code postal : 75000.. si tu avais menti, je l'aurais su .. et si je cherche un peu plus loin, tu vois.. je peux lire toutes les conversations que tu as eues avec Clara, Sophie, Wendy, Tara et, visiblement, vous ne parlez pas du point de croix.. Veux tu que l'on aille sur tes messages privés de facebook aussi ?
- Non, c'est bon...
- Pourquoi Sonia ? Pourquoi avoir tout détruit ?
- J'ai construit, bien au contraire ma chérie. Tu peux pas comprendre.
- Oh, mais si que j'ai compris ! Tu t'es foutu de moi, c'est tout ! Quand allais tu me quitter ? Hurle Nina en se levant d'un bond. Hein ? Répond ! Quand m'aurais tu quittée ? »

« Mais pourquoi ai-je été aussi stupide ? Pourquoi j'ai pas voulu voir que tu te fichais de moi ? Tu t'es bien amusée hein ? Sale garce » interroge Nina, sur un ton où l'on devine la souffrance et la colère . Elle rabat violemment l'écran de l'ordinateur sur le clavier et se lève d'un bond, traversant la pièce en trois enjambées puis revient aussi vite. Les veines du cou saillantes, le visage défiguré par la colère, les yeux pleurent son désespoir.
« Allez, j'attends des explications ! » Sonia la fixe, le regard inexpressif, les lèvres closes. « Mais parle bordel ! Alors, je porte quel numéro dans ta liste ? Combien d'autres comme moi mènes tu en bateau hein ?.... Tu sais quoi ? Tu me donnes envie de dégueuler ! Tu n'es qu'une menteuse, une manipulatrice, une garce, tu m'entends ?
- Thomas ?
- Quoi Thomas, qui c'est Thomas ?
- Mon cher frère.
- Je pige pas, moi, il m'a dit s'appeler Raphael. Tu veux lire le message qu'il m'a envoyé ? Tu n'es... tu n'es qu'un sale parasite. »

Sonia perd de sa superbe, son visage se décompose, les mots se perdent sur ses lèvres.

« Qu'a-t-il encore été trouver pour me démolir cette fois ci ?
- Je te laisse le soin de le découvrir. Pourquoi tu as fait ça ? Je t'ai tout offert, tout donné, satisfait le moindre de tes caprices dans la mesure de mes possibilités et c'est là ta façon de me remercier ? Qu'ai-je eu en retour ? Que dalle ! Tu n'as pensé qu'à toi ! Tu n'as donc aucune considération pour ton prochain ? La moindre marque de respect ? M'as tu au moins aimée ? J'en doute fort à présent. Tu sais à quoi tu me fais penser, là, dans l'immédiat ?
- Montre moi ça. Je veux lire ce que ce salaud a écrit.
- Tiens, à ta guise. Tu peux lire doucement et à voix haute et autant de fois qu'il te plaira. Tu.. tu me dégoûtes tiens. »

Nina quitte le siège de devant l'ordinateur, dans un mouvement lent et terriblement las. Des larmes qu'elle peine à cacher roulent sur son visage. Elle se dirige vers le bar, les épaules basses, la tête dans les épaules. Son pas lourd et atone, elle porte le poids de la trahison, de la tristesse et de la souffrance. Elle se sent salie, souillée, si.... Elle se saisit d'un large verre en cristal aux formes arrondies et y verse une large rasade d'un liquide auquel elle s'était jurée de ne plus s'intéresser, la vodka. Elle verse la boisson d'un geste machinal et le bois d'un trait, le regard dans le vide. Sa compagne la regarde sans un mot.
« Nina.. non..
- Qui es-tu pour me dire ce que je dois faire ou pas ? Tu comptes encore me manipuler, comme tu l'as si bien fait jusqu'à maintenant ? Occupe toi de tes oignons et réfléchis à ce que tu vas faire quand je t'aurai fichue dehors !
- S'il te plaît, pose ce verre !
- Ferme la et lis. Tiens, dans ma grande bonté d'âme, je te laisse la bouteille. Tu en auras certainement besoin. Profites en c'est mon dernier geste généreux à ton égard. Tiens et pour te faire chier, je vais m'en servir un second. Je ne veux plus de tes conseils, de tes yeux de cocker ou encore de ton sourire mielleux.. tu me donnes envie de vomir. Ah, tu as su y faire ! Et moi, pauvre conne, j'y ai vu que du feu.. Enfin, ça n'a plus d'importance. Lis bordel !
- Ok, ok, je lis, mais s'il te plaît, laisse ce verre.
- Halt's Maul ! Lis je te dis ! »

La brune Sonia chausse attrape son sac à main en cuir noir et fouille quelques secondes avant d'en sortir ses lunettes qu'elle pose délicatement sur son petit nez retroussé, les mains tremblantes et se met à parcourir le long message privé adressé à Nina.
« Quel salaud.. mais quel salaud.
- C'est ça, tu vas me dire aussi que ça n'est qu'un tissu de mensonges !
- Je sais que tu ne me croiras pas si je te dis que oui et pourtant..
- Et pourtant quoi ? Dans quel but il mentirait et dénoncerait sa propre sœur ? Tu veux bien m'expliquer ?
- S'il te plaît mon ange. Calme toi et assied toi. Je vais tout te dire..
- Il serait temps, tu ne trouves pas ?
- Ce que je vais te dire, j'ai tout fait pour l'éviter.
- Bein voyons, c'est clair que tu n'allais pas me dire que tu te foutais de ma gueule !
- Non, ce que je vais te dire, je n'en ai jamais parlé à personne. Et je ne voulais surtout pas t'en parler pour ne pas te faire souffrir, j'avais trop peur de ta réaction.
- Et bien, tu la connais à présent ! Qu'as-tu d'autre à me dire que je ne connaisse déjà ? Allez, dépêche, j'ai pas que ça à faire. Plus vite tu auras débarrassé le plancher, mieux je me porterai... et puis d'ailleurs, pourquoi je te parle encore ? Tu as lu, tu sais, maintenant, tu prends tes cliques et tes claques et du dégages ! Hors d'ici, je ne veux plus de voir ! Dégage de ma vie et n'y reviens jamais !
- Non, pas tant que je t'aurai tout dit.
- Tu veux quoi ? Me faire encore plus de mal que tu ne m'as fait ? Je ne veux plus rien entendre, ça suffit !
- Je sais que ce que tu as lu ne plaide pas en ma faveur...
- … Ca, c'est sûr !!
- Mais s'il te plaît, laisse moi raconter ma version des choses. Tu verras que le manipulateur n'est pas celui que tu crois.
- Que vas tu encore me sortir ? Je suis bien curieuse de voir ça. Tu as deux minutes, après, tu disparais.
- J'ai une question. Comment Raphaël a-t-il eu ton adresse facebook ?
- Je sais pas, et puis je m'en fous. Comment se fait-il que tu ne m'aies jamais parlé de lui d'ailleurs ?
- Tu avais pourtant fait l'impasse sur ton profil et n'avait que quelques amis.... Il fait partie d'un passé que je cherche à enfouir et à fuir. Je ne voulais pas te parler de cette partie pénible de ma vie.
- Ah, v'là autre chose.. sortez les violons ! »

Sonia se lève brutalement et d'un geste rapide et précis, arrache des mains de Nina, le verre de vodka que la quadragénaire allemande s'appretait à remplir pour la troisième fois.

« Ca suffit ! Hurle Sonia ! Tu te fais du mal !
- C'est bien ce que dit le proverbe non ? Soigner le mal par le mal ?
- Tu es ivre !
- Et alors, qu'est-ce-que ça peut te foutre ?
- Ca me fout que je t'aime et que je n'aime pas ce que je vois !
- Je crois que c'est de circonstance tu ne trouves pas ?
- Mais bordel, tu vas m'écouter oui ? Nina, mon frère t'a raconté des foutaises ! Ecoute moi bon sang!
- Non, toi, tu m'écoutes ! Je ne veux plus entendre un son sortir de ta bouche ! Tout ce que tu m'as dit, ça n'était que de la merde et j'y ai baigné pendant tout ce temps. Notre relation a été bâtie sur le mensonge, tes mensonges. Et je ne pense pas que ça changera !
- Ce que j'ai à te dire est pourtant vrai. Et je ne t'ai jamais menti.
- C'est ce que tu m'as toujours fait croire, mais cette fois ci, je ne crois plus rien. Allez, débarrasse le plancher »

Joignant le geste à la parole, la grande femme blonde agrippe le bras de sa future ex-compagne avec une grande fermeté, tel un aigle refermant ses serres sur sa proie et la pousse dans ce qui fut autrefois leur nid d'amour, une chambre décorée avec soin, une alcôve arrangée au goût de Sonia, pour la joie de Sonia et par amour pour Sonia. Elle ouvre la porte brutalement et relâche la jeune femme tout en la poussant vers le centre de la pièce d'une façon telle que la jolie brune manque de perdre l'équilibre. Puis elle se dirige vers le dressing où elle se saisit de sa valise avant de la jeter difficilement aux pieds de sa compagne avant de la fixer droit dans les yeux et de s'adresser à elle :
« Ho, mais ta valise était déjà prête !! Tu allais filer en douce !
- Non ça n'est pas ce que tu crois. Il m'a retrouvée.
- Je veux plus rien savoir Je te donne trente minutes pour rassembler le reste de tes affaires et partir de ma vie. Pas une minute de plus. Emploie bien ton temps car je ne te permettrai de remettre les pieds ici pour n'importe quelle raison.
- Ca ne te donne pas le droit de me violenter et de me traiter de la sorte.
- Tu t'es gênée, toi, peut-être ? Ah, c'est trop facile de raconter la vérité qui t'arrange pour les attirer et les faire tomber dans ton piège. Combien en as-tu culbutée dans mon dos hein ? Et puis, ne nie pas, je te prends sur le fait ! Tu allais te barrer sans rien dire !!
- Aucune..
- Je t'ai mis les preuves sous les yeux, et tu trouves encore le moyen de nier !
- T'a-t-il dit qui il était, ce qu'il faisait ?
- Non, mais ce qu'il m'a raconté me suffit ! Dépêche toi, il te reste 29 minutes. Je ne t'en donne pas une de plus.
-T'a-t-il tout dit dans son message ? J'en doute parce que si cela avait été le cas, tu ne serais pas là à me crucifier.
- Pourquoi n'aurais-je aucune raison de le croire ? Tout ce qu'il dit tient parfaitement la route et concorde parfaitement avec les faits !
- Alors, laisse moi te donner ma version des choses et tu jugeras après.
- Et quelle version ? Celle que tu t'es bien foutue de moi ? Celle que tu as bien profité de moi et de mon fric ?
- Tu fais fausse route. Il t'a bernée et tu es aveuglée par la douleur. En te faisant du mal, il m'a atteinte moi. Sache qu'il te déteste.
- Quoi ?
- Je voulais t'épargner ce que je vais t'expliquer. Et crois moi, ça n'est pas facile à entendre.. ni à dire.
- Que vas tu encore inventer pour m'amadouer et me faire regretter ce que je suis en train de faire ?
- Absolument rien.
- Je t'écoute et tu as intérêt à être convaincante.... Et je te conseille de réunir tes affaires tout en parlant... 28 minutes, ça passe vite. Plus le temps passe et plus tu t'enfonces dans tes explications fumeuses..
- Et tu te poses pas plus de question de voir que ma valise est déjà prête ? Et tu t'en poses pas non plus sur le fait qu'il t'ait donné un autre nom? Tu campes sur tes positions et ne cherche pas à voir plus loin que le bout de ton nez ! Tiens, voilà ce que je m'apprêtais à laisser sur la table de l'entrée.. Je n'ai jamais trouvé le courage de te le dire.. Je devais partir, il le fallait, pour moi, pour toi.
- C'est quoi ce torchon ?
- C'est ma vie, ma honte, ma croix.
- Oh là là, de suite les grands mots ! Allez hop, poubelle. Explique moi, droit dans les yeux, là, !
- Mon frère est un cinglé qui me viole depuis mes 13 ans.
…. qu... quoi ?
- Il n'est pas mon frère biologique mais nous avons été tous les deux élevés par un couple désireux d'adopter..
- …
- Je déconnais à plein tube à cette période à cause de ses agissements et me comportais comme une vraie rebelle. Quand ma mère a demandé des explications, évidemment, elle m'a pas crue et a pensé que je voulais me venger de mon frère comme une gamine jalouse de quelqu'un à qui tout réussit.
- Peux-tu m'expliquer pourquoi tu n'as pas été en parler à quelqu'un d'autre ? Ton père adoptif par exemple ?
- Mon père adoptif a toujours été un lâche, rien entre les jambes, c'est ma mère qui a toujours porté la culotte..
- Et les autorités ?
- J'ai 11 ans d'écart avec Raphaël.. qui ne s'appelle pas Raphaël d'ailleurs, mais Thomas. Il était déjà flic à l'époque et moi bien naïve. Il n'a jamais supporté ma préférence pour les femmes et me l'a fait payer au prix fort.
- Mais enfin... si mes calculs sont bons, ça fait 22 ans que cette histoire dure. Tu es adulte..
- Mes parents m'ont mise à la porte quand ils ont appris que j'étais lesbienne C'est la seule chose de vraie qu'il a dite. D'ailleurs, ils ne m'ont jamais crue pour Thomas. Je me suis donc démerdée. Mais j'étais satisfaite de partir à 16 ans, j'étais libérée de lui. J'ai erré de foyer en foyer, de squatt en squatt. J'ai fumé et picolé, j'ai touché le fond mais ça n'a pas duré longtemps. J'étais loin d'être bête et savais que la vie c'était pas la dope. Je me suis battue, trouvé des petits boulots à droite et à gauche, payé des études et des stages. J'ai fini par trouver du boulot mais ce fumier m'a retrouvée, comme toujours d'ailleurs.
- Il ne t'a jamais lâchée..
- Et il n'est pas prêt de le faire. Il estime que je lui appartiens et que je lui dois tout.. que je suis son animal de compagnie et ya pas plus homophobe que lui. Ca fait 22 ans que ça dure. Il me suit à la trace.
- Mais enfin, pourquoi tu ne fais rien ?
- J'ai fait ! Mais il a pris du galon depuis le temps. Si je ne suis pas stupide, lui non plus. Il a poussé ses études et il est procureur à présent.
- Et ces discussions sur Coco ?
- Pour le faire chier. Il m'épie où que j'aille, quoi que je fasse.
- Je n'ai rien vu pendant deux ans !
- Non, il est trop malin pour ça. Mais il te connaît très bien, crois moi. Tu sais, il est marié et a trois gamins.. Il donne l'image du bon père de famille, bosseur et aimant. Je suis la seule à connaître son vrai visage. Si les gens se donnaient la peine de creuser, ils verraient. Il sait se tenir pendant un temps et quand ça le démange, il se transforme en monstre et détruit tout ce qui m'entoure pour mieux s'approprier ma personne.
- Et cette fille qui s'est suicidée ?
- Cette fille l'a cru, tout simplement, comme tu viens de le faire. C'est à cause de lui qu'elle a mis fin à ses jours, pas de moi. Tous les faits qui se produisent, il s'arrange pour les tourner à son avantage et les mettre à ma charge. Je vis un véritable enfer. Je suis désolée. Ma fierté m'a conduite à commettre des erreurs, notamment à aller sur ce site à la noix, juste pour l'emmerder . En fait, ces filles, je les ai rencontrées dans un groupe où on parle de ce qu'on a subi et où on se remonte le moral comme on peut. On a décidé de s'associer pour monter notre petite affaire . Un truc bateau quoi.. mais notre fierté aux copines et à moi et je voulais que tu sois fière de moi. Regarde, les papiers sont là. Tu y verras les noms de ces filles... L'argent que tu m'as donné a servi pour donner vie à une partie de ce projet. Voilà, je pense que tu sais tout.
- Pardon.
- Il t'a manipulée.. comme toutes les autres. Tu vois, il m'a retrouvée et s'est servi de tout ce qu'il a appris, contre nous. Tu es tombée dans le panneau toi aussi.
- Tu allais partir et j'allais t'encourager à le faire.
- Chacune des femmes entrées dans ma vie a eu des tas de problèmes et je voulais que ça cesse même au prix de mon amour pour toi. Pendant tout ce temps, il n'a cessé de m'envoyer des missives, des menaces contre toi et donc, moi. Je pense que cette fois ci, il a songé à la solution la plus radicale qui soit. C'est pourquoi j'ai préféré te quitter.
- Ce type est malade..
- Mais on ne peut rien y faire..
- J'en sais rien et j'y connais rien . Mais on va se débrouiller pour que tout ça s'arrête et neutraliser ce cinglé.
- Tu comptes faire comment ?
- Aucune idée à vrai dire, mais on y arrivera. Il le faut.
- Une telle accusation contre une autorité de l'état relève de l'exploit mon cœur.
- J'aime les défis. Ton gars se croit au dessus des lois et donc, intouchable. Il a un point faible : toi. Savoir qu'il a échoué dans son projet va le mettre hors de lui. Et il le sera encore plus quand il saura que sa sœur va se marier à une femme et qu'elle part vivre en Allemagne avec elle. Soit il abandonnera, soit, le contraire, et il finira par commettre des erreurs car il ne sera plus sur son terrain et n'aura de probant que le nom du métier qu'il exerce. Il n'a aucun droit là-bas.
- Quoi ?
- Je disais qu'il n'a aucun pouvoir en Allemagne..
- Non, ce que tu as dit avant..
- Qu'il allait y voir rouge s'il apprenait que tu es devenue la femme d'une autre femme.. C'était mon projet avant que ce connard mette tout par terre. Tu veux toujours de moi ?
- Plus que jamais... »
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